Presse en langue étrangère
La presse en langue étrangère, publiée d'un côté comme de l'autre de l'Atlantique, a joué un rôle...
Souvent méconnu dans sa spécificité historique, l’Atlantique Sud est d’habitude incorporé à la géopolitique de l’Atlantique Nord. Toutefois, l’espace sud-atlantique possède des caractéristiques historiques, géopolitiques et culturelles propres, mises en relief par un nombre croissant de chercheurs au cours des deux dernières décennies1.
Ces éléments constitutifs se sont affirmés au cours de trois périodes distinctes. La première, celle de son émergence, s’ouvre en 1500, lorsque la flottille de l’amiral portugais Alvarez Cabral, en route vers l’Inde, touche la cote sud-américaine dans la région de l’actuel État de Bahia, au Brésil. Ses vaisseaux reprennent ensuite la mer vers Le Cap et l’Océan Indien effectuant la première traversée latitudinale de l’Atlantique Sud. Cette période se clôt au milieu du xixe siècle, avec la fin de la traite bilatérale d’esclaves entre le Brésil et l’Afrique (1850), mais aussi avec l’ouverture du canal de Suez (1869). Conçu pour la navigation à vapeur, ce dernier met fin à l’âge de la voile, réduisant le parcours entre l’Occident et l’Orient. C’est à cette époque que s’affirme la suprématie de l’Atlantique Nord sur l’ensemble de l’océan conduisant à un effacement du système sud-atlantique. Les indépendances des nations africaines et, en particulier, celle des anciennes colonies portugaises, puis la fin de l’apartheid en Afrique du Sud (1991-1994) amorcent une troisième période qui voit la réémergence des liaisons Sud-Sud dans l’Atlantique au tournant des xxe et xxie siècles, dans un cadre international radicalement modifié par l’affirmation politique et économique des pays de l’Afrique subsaharienne.
Pendant l’âge de la navigation à voile, le système nautique engendré par les vents et courants du gyre de l’Atlantique Sud facilite les liaisons entre les ports sud-américains et africains2. Formé par l’anticyclone de Saint Hélène et limité au nord par l’équateur météorologique, ce système se distingue de celui des Antilles et, plus généralement, de l’Atlantique Nord, comme nous le verrons ensuite. Outre la navigation entre les ports ibériques et l’Amérique du Sud, des vaisseaux de Bahia, Recife, Rio de Janeiro et, moins souvent, de Buenos Aires, entretiennent des échanges directs avec les ports atlantiques africains.
Parallèlement, les vaisseaux de la route Lisbonne-Goa-Macao, qui doivent prendre la route du large, la Volta, font escale au port de Salvador de Bahia. Pour la première fois dans l’histoire sont ainsi reliées les cultures tropicales de l’Amérique, de l’Afrique et de l’Asie, et les zones équatoriales contenant les plus riches biomes de la planète, à savoir le bassin amazonien, le bassin du Congo et l’Insulinde. Cette mondialisation des biomes tropicaux explique la forte hausse du nombre de plantes répertoriées par les botanistes européens qui passe, au xvie siècle, de 1 000 à environ 6 0003.
Dans le cadre des migrations interocéaniques et de la déportation massive d’Africains vers les Amériques, l’agriculture d’exportation (canne à sucre, tabac, coton, café) s’étend en Amérique atlantique, alors que le manioc (ou cassave), le maïs, la cacahouète sont transplantés à l’île de San Tomé, à Elmina (au Ghana actuel) et à Mpinda (au sud de l’embouchure du Congo), d’où leur culture se répand au golfe de Guinée et en Afrique Centrale. Adaptée aux sols pauvres, sans prédateurs naturels en Afrique, la cassave est actuellement cultivée du Sahel jusqu’au sud de l’Angola et du Mozambique. Plus dépendante d’irrigation, la culture du maïs s’est néanmoins également répandue en Afrique en raison de sa forte productivité. De nos jours, le manioc apparaît comme la plus importante source primaire de calories des populations subsahariennes, tandis que le maïs, loin devant le blé, est devenu la céréale la plus consommée en Afrique. Notons encore que São Tomé apparait comme une véritable plateforme de transfert de plantes alimentaires tropicales de divers continents. C’est à partir de leur acclimatation dans cette île et de leur transplant dans d’autres contrées que le cocotier (Océanie), la banane (Asie/Afrique) et le cacao (Amérique), entre autres, deviennent des cultures véritablement pantropicales.
Dans le sens Afrique-Amérique, on observe le transplant de céréales comme le sorgho, de fruits comme la pastèque, de légumes et de légumineuses comme le gombo (okra, quiabo), la cornille, appelé niébé (oulof) en Afrique francophone, et le feijão-fradinho ou mucunha (du macua nkuny) au Brésil. Au-delà de la sphère alimentaire, la culinaire transposée et adaptée aux régions américaines représente aussi une affirmation identitaire, servant d’offrande aux dieux du panthéon afro-américain. Parallèlement à la diffusion des religions afro-américaines s’initie, à la fin du xviiie siècle, dans la route empruntée par les Africains et les colons se dirigeant de Rio de Janeiro vers les mines d’or, le culte de l’image au visage noir de Notre Dame Aparecida. Devenue ensuite sainte patronne du Brésil, la dévotion à N.D. Aparecida souligne le rôle des Afro-Brésiliens, dans la formation de la société. Contrastant ainsi avec le culte existant dans autres pays latino-américains, dans lesquels la Mère Médiatrice prit un visage amérindien, comme c’est le cas de la Vierge de Guadalupe au Mexique, de N.D. de Gualupe en Équateur, de N.D. de Copacabana au Pérou et en Bolivie, de la Vierge Sainte de Luján en Argentine, et de N.D. de Caacupe au Paraguay.
Face à la prééminence portugaise sur les deux rives de l’Atlantique Sud, l’Espagne réagit en créant le vice-royaume de La Plata (1776). Outre le Potosí, dans l’actuelle Bolivie, la Patagonie, une partie du Pacifique et l’hinterland du Rio de la Plata, le nouveau vice-royaume, dont la capitale est Buenos Aires, comprend les iles africaines de Fernando Po et Annobon, et des factoreries esclavagistes du littoral du Cameroun et du Gabon. En vain, Madrid essaye de briser le quasi-monopole luso-brésilien sur la traite des Noirs sud-atlantique.
Par ailleurs, les autorités espagnoles sont confrontées à la navigation croissante des rivaux européens vers le Pacifique par la route du Cap Horn. Naissent alors les disputes navales et diplomatiques entre Français, Anglais et Espagnols qui donnent lieu à la première crise des Malouines (1764-1776). Situé en face du détroit de Magellan, l’archipel des Malouines protège en effet le passage de Drake, entre le Cap Horn et la Terre de Graham, voies maritimes privilégiés d’accès au Pacifique jusqu’à l’ouverture du Canal de Suez (1914).
C’est encore à la fin du xviiie siècle que des baleiniers français, mais surtout américains et anglais, sillonnent les eaux des Malouines et du sud du Rio de la Plata à la pêche de cachalots, pour répondre à la demande en hausse de spermaceti. Substance cireuse existant dans la tête des cachalots, le spermaceti était utilisé alors dans la fabrication de bougies et de cosmétiques. Naviguant au gré des courants et des parcours des baleines au long de l’océan, des capitaines du Massachusetts et d’Europe apportent aux géographes des connaissances plus précises sur l’Atlantique Sud. C’est ainsi grâce aux renseignements recueillis auprès des baleiniers de Nantucket, au Massachusetts, que l’océanographe britannique James Rennel cartographie en 1832, pour la première fois, les courants de surface de l’Atlantique Sud4. Suivant la carte publiée en 1763 à Londres par William Herbert, Rennel fixe les limites septentrionales de l’Atlantique Sud entre 5 et 10 degrés au Nord de l’équateur terrestre, dans la zone de convergence intertropicale définissant l’équateur météorologique. L’espace ainsi délimité, qui incorpore le sud de la Sénégambie et le golfe de Guinée est dénommée, notamment dans les guides maritimes anglo-américains, « Océan Éthiopique », pour bien marquer sa différence avec le système nautique de l’Atlantique Nord. Alors que la navigation à voile prédominait encore, l’édition de 1855 de The American Cyclopaedia, ouvrage de vulgarisation scientifique populaire aux États Unis et au Royaume Uni, établit une séparation tranchée entre l’Atlantique Nord, considéré comme étant « le vrai Atlantique » et l’« océan Éthiopique », c’est-à-dire, l’espace maritime et le système nautique situés au sud de l’équateur météorologique5.
Au début duxixe, dans le cadre des guerres napoléoniennes et de la bataille de Trafalgar, qui offre à l’Angleterre une suprématie océanique globale pendant un siècle, on assiste à l’offensive de la Royal Navy sur l’ensemble de l’Atlantique Sud. À l’extrême sud du continent africain, le Cap est pris en 1806 aux Hollandais, alors que, sur l’autre rive de l’océan, les Britanniques attaquent les forces espagnoles et hispano-américaines à Buenos Aires (1806 e 1807) et Montevideo (1807). À leur tour, les îles de l’Ascension, Sainte Hélène et Tristan da Cunha, sont occupées par l’Angleterre. Une base navale (1815-1922), puis une base aérienne (1942-) firent de l’Ascension un point clé du contrôle britannique de la route du Cap. Complétant le verrouillage de l’Atlantique Sud, Londres impose en 1833 sa souveraineté sur les Malouines/Falkland, expulsant la garnison argentine et générant un contentieux, qui n’est pas encore réglé, avec la républicaine sud-américaine.
Sous influence britannique, la Cour portugaise est transférée de Lisbonne à Rio de Janeiro lorsque les troupes françaises commandées par Junot envahissent le Portugal. Rio de Janeiro devient ainsi la capitale de l’empire lusitanien (1808-1821). Ambassadeur anglais auprès du gouvernement portugais entre 1806 et 1815, lord Strangford organisa le départ de la Cour vers Rio de Janeiro et fut l’intermédiaire des négociations à Buenos Aires qui aboutirent à l’indépendance de l’Argentine (1816).
Interdite dès 1812 dans les ports du Río de la Plata, la traite des Noirs s’intensifie au Brésil, devenu après son indépendance (1822), la plus importante nation exportatrice de produits tropicaux. La poursuite de la traite bilatérale, qui fait de Rio de Janeiro le plus grand port négrier des Amériques, heurte la campagne navale et diplomatique entreprise par Londres pour faire cesser le commerce atlantique d’Africains. Ce n’est qu’en 1850 que l’Angleterre parvient à briser les liens tissés au long de trois siècles entre les ports sud-américains et les ports africains.
Parallèlement, l’Argentine (1853), le Brésil (1854) et plus tard l’Uruguay, mettent en place des politiques d’incitation à l’immigration européenne. En Angola, la fin de la traite d’esclaves vers l’Amérique du Sud marque le début de la « seconde période coloniale » (1850-1974), selon la périodisation proposée par les historiens portugais. Lisbonne stimule les plantations de café, de sisal, de maïs et l’extraction de diamants afin de faire de l’Angola « un nouveau Brésil ». Ces mutations intensifient les liaisons nord-sud, mettant fin au premier Atlantique Sud.
À la différence d’autres réseaux maritimes transcontinentaux, comme ceux des Antilles ou de l’Océan Indien, où les échanges ne s’interrompent pas avec l’entrée en lice de nouveaux concurrents commerciaux et de nouvelles marchandises, la navigation bilatérale dans l’Atlantique Sud s’est arrêtée brusquement et pour longtemps en 1850. Soulignant la vacuité commerciale de cette partie de l’océan à la suite de la cessation de la traite d’Africains, un guide nautique britannique renommé introduit en 1883 une observation qui n’existait pas dans ses précédentes éditions: « une large portion de la côte s’étendant dans les tropiques méridionales et la nature totalement stérile de son versant oriental (le littoral africain), font que le commerce de cette vaste zone d’eau est très peu important, comparativement à d’autres parties de l’océan d’égale magnitude.6» L’avancée des bateaux à vapeur unifie l’océan sous l’hégémonie de l’Atlantique Nord, rendant désuet le nom d’océan Éthiopique qui servait jusqu’alors à désigner le système nautique et l’espace sud-atlantique à l’époque du commerce bilatéral de la navigation à voile.
Le second Atlantique Sud marque la divergence entre l’évolution de la rive sud-américaine et celle de la rive africaine de l’océan. Pendant cette période s’accentue l’occidentalisation du versant sud-américain. En même temps, la colonisation européenne en Afrique sous équatoriale et principalement en Angola et en Afrique du Sud, connaît un rebond avant de décliner face à l’émancipation politique des nations africaines.
La navigation sur la côte atlantique et dans le Cap Horn s’accroit avec la ruée vers l’or en Californie (1849) et la colonisation britannique en Australie et Nouvelle Zélande. Dès 1849, une ligne de paquebots à vapeur est inaugurée entre Liverpool, Rio de Janeiro, Montevideo et Buenos Aires. La rapidité et la régularité de la navigation à vapeur accéléra l’intégration des ports de la région à la place de Londres, transformant l’économie et la culture des capitales sud-américaines. À Rio de Janeiro, les paquebots de Liverpool, appelés paquetes, portaient généralement des noms de femmes et arrivaient tous les 28 jours, de manière si ponctuelle que la menstruation fut nommée paquete.
L’extension des transmissions télégraphiques, d’abord de portée régionale, puis transocéanique, eut des conséquences distinctes dans l’Atlantique Sud. Le quasi-monopole dont jouissait l’agence française Havas sur le système télégraphique du Brésil et du Cône Sud, incluant le Chili, renforça la francophilie et le francocentrisme dans la région. Rédigées en français, partant de Paris, via Londres, Lisbonne, Madeira et Pernambuco, les nouvelles de Havas étaient transmises aux branches télégraphiques régionales de la côte sud-atlantique, s'allongeant dans les années 1880 vers le Paraguay et la Bolivie. Le Cap, en revanche, et le réseau sud-africain furent mis en connexion avec l’agence anglaise Reuters qui liait Londres à l’Inde britannique et au restant de l’Asie. L’insertion sud-africaine dans les circuits rattachés au Royaume Uni est d’autant plus forte que, devenu indépendant dès 1910, le pays reste membre du Commonwealth jusqu’en 1961, lorsqu’il devient une république. De cette façon, la navigation à vapeur et le télégraphe accentuent les liaisons nord-sud, consolidant la séparation géopolitique des deux rives sud-atlantiques.
Reste que, l’évolution de l’Afrique du Sud garde des similitudes avec celle de l’Argentine, comme l’a signalé Philip D. Curtin, dans une étude pionnière7. Ainsi, la connexion du Cap et de Buenos Aires aux réseaux télégraphiques et au transport maritime à vapeur, fut complétée par l’expansion des lignes de chemin de fer et la conquête par les armes de l’hinterland des deux pays. En Argentine, ce mouvement suscita la campagne militaire de la « Conquête du désert » (1878), qui se solda par le massacre et la déportation de milliers de Mapuches et de membres d’autres nations amérindiennes de la Pampa et de la Patagonie, ouvrant l’accès de nouvelles terres aux grands éleveurs, fermiers et immigrants. Avec l’introduction de nouveaux navires frigorifiques, généralement contrôlés par des entreprises anglaises, l’Argentine devint aussi une grande exportatrice de viande vers l’Europe.
En Afrique du Sud, la découverte des mines de diamants de Kimberley (1867) et d’or au Witwatersrand (1888), attisèrent la convoitise des Européens et débouchèrent sur des conflits entre les Anglais, les Zulu et les Afrikaners. Au cours des deux guerres des Boers, l’opinion des républiques atlantiques sud-américaines fut généralement favorable aux deux républiques qui se battaient contre le colonialisme de la Couronne britannique. Ce fut particulièrement le cas à Buenos Aires. Ainsi, à la suite de la victoire britannique, près de 800 familles boers furent accueillies par le gouvernement argentin du général Roca, ancien commandant de la « Conquête du désert », et s’installèrent en Patagonie8. Malgré son faible poids démographique, la présence boer poussa à la création à Buenos Aires du premier Consulat General sud-africain en Amérique du Sud (1939), avec juridiction sur l’Uruguay et le Brésil. Dans son récit de voyage Patagonia (1977), Bruce Chatwin attira l’attention sur ces Argentins d’origine sud-africaine9. Le port de Buenos Aires poursuit sa croissance, dépassant celui de Rio de Janeiro au tournant du xixe siècle. La région devient le destin de dizaines de milliers d’Européens, surtout des Italiens et des Espagnols, qui font de l’Argentine, après les États Unis, le second pays du monde comptant plus d’immigrants dans les années 1930. Par le port de Valparaíso, des troupeaux de mulets, puis la ligne de chemin de fer transandine de Santiago à Mendoza, active entre 1910 et 1980, connectait le Pacifique et le Chili à l’Argentine.
Tout autre est l’évolution du Brésil. Seule monarchie américaine de 1822 à 1889, le Brésil, surtout sous l’empereur Pedro II, se prévalait de ses liens dynastiques et diplomatiques avec les trônes européens pour afficher sa distinction vis à vis des républiques latino-américaines. Cependant, malgré ses emprunts institutionnels et symboliques occidentaux, le pays restait fortement marqué par l’esclavage et par la culture afro-brésilienne. Rio de Janeiro, la Cour de Pedro II, possédait en 1850 la plus grande concentration urbaine d’esclaves des Amériques, soit 42% de sa population10. Enregistré dans les lithographies de Jean-Baptiste Debret dès 1834, puis dans les daguerréotypes et les premières photographies, l’esclavage urbain forme la toile de fond des écrits des voyageurs et des grandes écrivains brésiliens, de Machado de Assis à Aluízio de Azevedo11. L’arrivée des immigrants portugais après la fin de la traite d’Africains change l’accent des cariocas, le rendant plus lusitanisé, mais ne parvient pas à modifier l’empreinte linguistique afro-brésilienne distinctive du portugais au Brésil12. Ironisant cet écart linguistique qui paraissait alors incongru, lors du premier voyage de Pedro II au Portugal (1872), un caricaturiste portugais publia une charge où l’empereur portait dans sa main un « Guide de conversation brésilien/portugais13».
L’espagnol de l’Argentine et de l’Uruguay fut, à son tour, influencé par des dialectes italiens qui donnèrent lieu au lunfardo. Mélange de parlers lombards et d’espagnol colonial, le lunfardo apparait comme l’argot des milieux interlopes de Rosario, Buenos Aires, Montevideo. De ces ports, il se diffuse dans l’entre-deux-guerres à Santos et Rio de Janeiro, tant par le vocabulaire des marins que par les paroles des tangos14.
Le mouvement d’occidentalisation est aussi porté par la musique européenne et par les pianos. Fabriqués dès le milieu du xixe siècle avec des cordes d’acier de meilleure qualité et des cadres de fonte monoblocs, au lieu des traditionnels cadres en bois, les pianos gardent, désormais, leurs propriétés harmoniques dans les pays chauds. Signe social ostentatoire, le piano devient la vedette des réunions musicales familiales ou publiques Débarqués dans les ports, les pianos étaient transportés dans toute la région à dos de mulets, surnommés mulas pianeras dans le Río de la Plata et au Chili. L’engouement pour le piano déclina avec l’introduction des phonographes, puis de la radio et de l’industrie phonographique, dans les années 1920. Entretemps, la musique afro-latine jouée à Buenos Aires, à Montevideo ou à Rio de Janeiro connaît alors un franc succès et s’impose comme l’un des principaux marqueurs culturels et identitaires sud-atlantiques dans le reste du monde.
Avec la chute de la monarchie et la proclamation de la république en 1889, le Brésil se rapproche des républiques voisines. Sous l’égide de Washington sont organisées des conférences panaméricaines dans le but d’harmoniser le droit maritime et commercial des pays du continent. Comme l’Argentine, le Brésil se dote d’un régime présidentialiste et fédératif calqué sur le modèle américain. Après des rencontres à Washington et à Mexico, Rio de Janeiro et Buenos Aires siègent des Conférences Panaméricaines (1906 et 1910) et des Congrès de Juristes Américains. C’est à Buenos Aires qui est créée en 1910 l’Union Panaméricaine, devenue en 1948 l’Organisation des États Américains, dont le siège est à Washington. Parallèlement à l’influence des États-Unis, émerge au Brésil le sentiment d’appartenance latino-américaine et en 1900, pour la première fois, un chef d’État brésilien est reçu en visite officielle à Buenos Aires. En réalité, l’essor économique de l’Argentine, et surtout de Buenos Aires, fait naître un nouveau pôle d’attraction pour les capitaux et les émigrants européens dans l’Atlantique Sud, faisant de l’ombre au Brésil. Buenos Aires, dont la population passe de 780 000 habitants en 1895 à 2 034 000 en 1914, devient la plus peuplée et la plus riche métropole latino-américaine. Depuis cette époque, Buenos Aires est considérée comme la plus européenne des capitales latino-américaines. La majorité des recherches sur la modernisation urbaine de Rio de Janeiro au début du xxe> siècle ont mis l’accent sur l’influence des réformes d’Hausmann à Paris, étudiées de près par Pereira Passos, maire de la capitale brésilienne (1902-1906). La concurrence grandissante du port de Buenos Aires joua toutefois son rôle dans la décision gouvernementale de moderniser et assainir le port et la ville Rio de Janeiro, mais aussi Santos, où débarquent la plupart des immigrants européens, moyen-orientaux et japonais arrivant au Brésil dès la fin du xixe siècle. L’ouverture du Canal du Panama (1914) réduit la navigation faisant escale dans les ports du Brésil et du Cône Sud et renforce l’emprise des ports de l’Atlantique Nord sur tout l’océan.
Détenant la plus longue côte atlantique, le Brésil revêtit un intérêt stratégique de premier plan pour les puissances nord-atlantiques lors des deux conflits mondiaux. Au cours de la Grande Guerre, le pays rejoignit le camp des Alliés en novembre 1917 et participa à la conférence interalliée de Paris en décembre, tandis que l’Argentine resta neutre au long du conflit. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’écart entre les deux pays est encore plus accentué. De fait, le Brésil fut le seul pays de la région à entrer en guerre au côté des Alliés. L’armée états-unienne construisit à Natal, dans la cote du Nord-Est du Brésil une base aéronavale qui fut utilisée en liaison avec les opérations alliées en Afrique Occidentale entre 1943 et 1945. Ayant déclaré la guerre à l’Allemagne et à l’Italie en 1942, le Brésil envoya un corps de 27 500 soldats qui combattit en 1944 dans la campagne d’Italie, alors que l’Argentine restait neutre jusqu’au mois de mars de 1945. Encore neutre en juillet de 1944, l’Argentine fut donc la seule nation latino-américaine à ne pas être invitée par les Alliés à participer de la Conférence de Bretton Woods qui créa l’ordre financier et monétaire international du post-guerre.
En revanche, grâce aux notoriétés de sa délégation, dirigée par l’économiste Raul Prebisch, l’Argentine eut un rôle de premier plan dans la mise en place de la CEPAL (Commission Économique pour l’Amérique Latine) à Santiago de Chili, en 1948. Alors que le premier latino-américanisme du Brésil et des pays du Cône Sud était surtout l’œuvre des juristes, à une époque où le Droit International connaissait une grande vogue, la CEPAL forma des économistes et des sociologues qui formulèrent des politiques gouvernementales novatrices. Par l’action de certains de ces chercheurs devenus des gouvernants ou des hauts fonctionnaires des pays de la région (tels les Brésiliens Fernando Henrique Cardoso et Celso Furtado, ou l’Argentin Aldo Ferrer) et par l’intermédiaire de dirigeants affiliés à sa doctrine d’intégration latino-américaine, la CEPAL eut sa part d’influence dans les négociations menant à la création du Mercosur (1985-1995).
Dans le demi-siècle qui sépare la naissance de la CEPAL de celle du Mercosur, le contexte géopolitique a toutefois profondément évolué. L’Atlantique Sud a été bouleversé par des dictatures et des guérillas dans l’Amérique du Sud et par les guerres d’indépendance en Angola et en Namibie, ainsi que par la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud. Ce contexte suscita des contacts diplomatiques et une amorce de collaboration militaire d’extrême droite entre les dictatures sud-américaines, la dictature salazariste et le régime de l’apartheid. L’idée d’un pacte entre l’Argentine, le Brésil, le Chili, le Royaume Uni, l’Uruguay, les États Unis et l’Afrique du Sud fut ainsi évoquée à plusieurs reprises dans la seconde moitié du xxe siècle.
Entretemps, les insurrections nationalistes dans les colonies de l’Afrique Australe poussèrent l’Afrique du Sud à prendre des mesures plus concrètes. Les diplomates et haut commandement de la marine sud-africains prirent contact en 1969 avec les commandants navals du Brésil et de l’Argentine afin de créer un traité militaire de l’Atlantique Sud, similaire à l’OTAN. À la suite de la visite au Brésil de Marcelo Caetano, chef du gouvernement portugais, en juillet de 1969, des journaux du Cap et de Johannesburg annoncèrent la participation du Portugal à la création d’un Pacte de Défense de l’Atlantique Sud. Dans un autre registre, dès le début des années 1960, le régime salazariste portugais s’appropriait des théories du sociologue brésilien Gilberto Freyre sur le « luso-tropicalisme », arguant une prétendue vocation portugaise à entretenir des relations non-conflictuelles avec les Afro-Brésiliens, pour en faire l’idéologie justificatrice de sa colonisation en Afrique.
Le projet d’un Pacte de Défense de l’Atlantique dans le cadre de la guerre froide n’aboutit pas cependant, en raison du litige entre l’Argentine et le Chili au sujet de la frontière des Andes méridionales, du contentieux anglo-argentin sur les Malouines et de l’opposition de diplomates brésiliens et argentins. Les diplomates de Brasília ont aussi fait échouer les projets, conçus à cette même époque, de collaboration entre les marines du Brésil et du Portugal, prévoyant des manœuvres navales conjointes au large de la côte angolaise afin de faire pression sur les mouvements nationalistes. Poursuivant son éloignement de la politique coloniale portugaise, le Brésil, encore soumis à la dictature militaire, fut le premier pays non-africain à reconnaître l’indépendance de l’Angola, sous la direction du régime prosoviétique et procastriste dirigé par Agostinho Neto, en novembre de 1974. En réalité, dès le début des années 1960, sous la présidence de Quadros et de Goulart (1961-1964), la diplomatie brésilienne anticipait les avantages des relations commerciales directes avec l’Angola et prônait un rapprochement avec les nationalistes angolais.
En 1982, la guerre des Malouines met à l’épreuve l’entente entre les dictatures du Cône Sud et du Brésil. Alors que le Brésil, affiche sa neutralité vis à vis des belligérants, le Chili appuie ouvertement le Royaume Uni. Depuis, à l’instar de l’Uruguay, le Brésil maintient sa politique traditionnelle, définie au xixe siècle, reconnaissant la souveraineté de l’Argentine sur les Malouines. En 2018, le Chili a aussi déclaré son appui à l’Argentine.
La démocratisation des pays sud-américains, l’indépendance de l’Angola et de la Namibie, la fin de l’apartheid en Afrique du Sud (1994) changent une nouvelle fois la donne dans l’Atlantique Sud.
En 1983, la dictature prend fin en Argentine, en 1985 au Brésil, en 1986 à l’Uruguay et en 1992 au Paraguay. Déjà en liberté, Nelson Mandela visite le Brésil en 1991. Chaleureusement reçu à Rio de Janeiro et à Bahia, villes où les Afro-Brésiliens forment la majorité de la population, Mandela confirme son intention d’être candidat à présidence de l’Afrique du Sud, poste auquel il est élu en 1994, mettant fin à l’Apartheid. Un climat d’optimisme et de confiance s’installe alors entre les gouvernements démocratiquement élus. Le retour des exilés et émigrés politiques sud-américains, dont certains s’étaient connus dans le Chili d’Allende, à Mexico, à La Havane ou à Paris, rapproche une partie des intellectuels et des cadres dirigeants du Brésil et du Cône Sud.
Lors d’une visite officielle à Buenos Aires, en 1987, le président brésilien José Sarney est invité par son hôte, le président Raul Alfonsin, à connaître les installations d’enrichissement d’uranium argentines. L’année suivante, Sarney réplique à l’identique en conduisant le président argentin dans les usines d’uranium brésiliennes. Des discussions bilatérales mènent les deux pays à adhérer en 1994 au Traité de Tlatelolco qui interdit les armes nucléaires en Amérique Latine. Par la suite, Buenos Aires et Brasília ont aussi ratifié le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Cette détente militaire et diplomatique entre les deux pays consolida les avancées du Mercosur.
Parallèlement, la diplomatie brésilienne, appuyée par l’Argentine, prenait l’initiative de créer la Zone de Paix et de Coopération de l’Atlantique Sud (ZOPACAS), actée par l’ONU en 1986 et complétée par une déclaration de dénucléarisation de l’Atlantique Sud, signée à Brasília en 1994. À ce jour, outre l’Argentine, le Brésil et l’Uruguay, 21 pays de la côte atlantique africaine, allant du Cap Vert à l’Afrique du Sud, ont adhéré au ZOPACAS. En 2003, une initiative diplomatique plus large eut lieu avec la création d’un Forum de Dialogue entre l’Afrique du Sud, le Brésil et l’Inde (IBAS), définit comme un mécanisme de coordination « entre trois pays émergents qui ont comme caractéristique commune le fait d’être des démocraties multiethniques et multiculturelles », déterminés « à contribuer à la construction d’un nouvel agencement international15».
Formé en 2006, le groupe des BRIC (Brésil, Chine et Inde) est devenu BRICS en 2010 avec l’adhésion de l’Afrique du Sud, réunissant ainsi les dirigeants sud-africains et brésiliens dans ce forum de grands pays émergents.
En dépit, des traités et des forums d’entente, la mise à jour de grandes réserves d’hydrocarbures dans l’espace sud-atlantique a fait surgir de nouveaux enjeux géopolitiques dans la région. En 2018, l’Angola est devenu le second plus important producteur de pétrole d’Afrique après le Nigeria. Des forages prometteurs sont aussi en cours sur la côte de Namibie et de l’Afrique du Sud. Parallèlement, de grands gisements d’hydrocarbures ont été découverts, sous des couches de sel, au large des côtes brésiliennes, et des réserves de pétrole et de gaz de schiste dans l’Argentine centre-occidentale, ainsi que d’importantes nappes sous-marines de pétrole au large des Malouines.
C’est dans ce contexte que les États-Unis ont pris l’initiative de réintroduire la Quatrième Flotte dans l’Atlantique Sud. Mise en place pendant la Seconde Guerre mondiale, la Quatrième Flotte opérait dans les Antilles et sur les océans Atlantique et Pacifique autour de l’Amérique Centrale et de l’Amérique Sud. En 1947, elle fut dissoute et ses bâtiments intégrés à d’autres unités navales américaines. En 2008, à la surprise des pays riverains, le gouvernement de Georges W. Bush décida de la rétablir. De vives réactions eurent lieu en Argentine et au Brésil, où la présidente Cristina Kirchner et le président Lula da Silva manifestèrent leur insatisfaction. Lula fut le plus incisif, en dénonçant le fait que la Quatrième Flotte allait opérer dans la zone maritime où le Brésil venait de découvrir les gisements d’hydrocarbures. Par ailleurs, les forages effectués par des firmes britanniques au large des Malouines ravivèrent les tensions entre Buenos Aires et Londres, amenant le Mercosur à se solidariser avec l’Argentine. Un autre conflit diplomatique opposa le Brésil aux États Unis, à la suite des révélations d’Edward Snowden sur les programmes américains et britanniques d’écoute sur internet. Apprenant que ses messages personnels avaient été espionnés, la présidente brésilienne, Dilma Rousseff, annula une visite officielle à Washington en octobre 2013, prévue à l’invitation du président Obama. À cette occasion, la presse américaine et brésilienne attira l’attention sur le fait que l’espionnage américain dans la région visait essentiellement les câbles sous-marins de fibre optique de transmission d’Internet qui longent la côte brésilienne. Parmi ceux-ci se trouvent les quatre seuls câbles rattachant l’Afrique subsaharienne et une partie de l’Océan Indien aux Amériques, qui convergent au large de Natal et Fortaleza, sur la côte du Nordeste du Brésil.
Depuis l’ascension de Mauricio Macri à la présidence de l’Argentine et de Jair Bolsonaro à la présidence du Brésil, les deux pays ont tourné le dos à la politique d’ouverture vers l’Afrique pour se ranger derrière la diplomatie américaine. Ce virage est particulièrement net au Brésil où, sous les présidences de Lula da Silva et de Dilma Rousseff, le nombre d’ambassades brésiliennes en Afrique (37), outrepassa en 2013 celui des ambassades du pays en Amérique Latine (32).
Pourtant, au-delà des élections et des changements politiques, des tendances de long-terme rapprochent inéluctablement les cultures sud-atlantiques. Quoique n’ayant pas encore été ratifié par les parlements et les congrès nationaux, l’accord entre l’Union Européenne et le Mercosur, négocié depuis 20 ans, est signé en juin 2019, donnant une nouvelle dynamique à l’intégration des pays sud-atlantiques et du Paraguay. Sur le plan culturel, l’enseignement de la langue portugaise est devenu obligatoire dans les écoles argentines et uruguayennes. Au Brésil, la situation est plus floue après la destitution de la présidente Rousseff et la mise en vigueur en 2017 d’une réforme de l’enseignement secondaire. Mais des parents d’élèves et des directeurs d’écoles, résidant surtout dans les villes frontalières du sud du pays, demandent que l’enseignement de l’espagnol redevienne obligatoire. Cette même reforme de 2017 a supprimé l’enseignement de l’histoire et de la culture afro-brésilienne et africaine, qui avait été rendu obligatoire par une loi édictée par le gouvernement Lula en 2003.
Ces reculs ne doivent pas masquer les mouvements de fonds qui donneront une autre dimension à l’Atlantique Sud au long du xxie siècle. En premier lieu, il y a la démographie contrastée de cette partie du monde. Tandis qu’en Argentine le taux de fécondité reste à peu près stable autour de 2,25 naissances par an, il diminue régulièrement au Brésil, où il atteint 1,7 en 2018. Cependant, la composition de la société brésilienne change considérablement. Lors du recensement général de 2010, il est apparu que 52 % de la population nationale s’auto-identifiait comme afro-descendante. Ce pourcentage a encore augmenté dans les années suivantes, faisant du Brésil le pays avec la plus forte population afro-descendante en dehors de l’Afrique. Parallèlement, les pays lusophones africains, à l’instar de deux de toute l’Afrique subsaharienne, connaissent une forte croissance démographique. Suivant les projections du recensement mondial réalisé par l’ONU en 2012 et complété en 2015, vers la fin du xxie siècle, la langue portugaise sera plus parlée en Afrique que dans l’ensemble du Brésil et du Portugal. Déjà, des vols directs entre le Brésil et l’Angola et, dans une moindre mesure vers le Mozambique, transportent des petits commerçants, des hommes d’affaires, des missionnaires évangéliques brésiliens vers les Luanda et Maputo. Le succès des telenovelas ne se dément pas dans les pays lusophones africains, tandis que la déferlante des églises évangéliques brésiliennes, surtout de l’Église Universelle du Royaume de Dieu, dépasse les frontières de ces pays et connait une croissance importante en Afrique du Sud. En sens inverse, des revendeurs angolais, souvent des femmes, font tous les mois des allers-retours entre Luanda et São Paulo, afin d’acheter de produits de facture brésilienne, généralement du prêt à porter, qui sont ensuite écoulés dans les boutiques et les marchés angolais. À l’horizon se profile un courant migratoire africain vers le Brésil et le Cône Sud. Le xxie siècle assiste à une nouvelle rencontre entre les deux rives de l’Atlantique Sud.
Kerry Bystrom & Joseph R. Slaughter (dir.), The Global South Atlantic (New York, N.Y.: Fordham University Press, 2017).
Système de courants océaniques fonctionnant selon un schéma circulaire qui englobe le courant du Brésil, le courant sud-atlantique, le courant de Benguela et le courant sud-équatorial.
Ineke Phaf-Rheinberger, “ ‘Vision’ and the Representation of Africans: On Historical Encounters between Science and Art”, History and Philosophy of the Life Sciences 35, n°1 (2013): 53.
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Apontamentos de Raphel Bordallo Pinheiro sobre a picaresca viagem do Imperador de Rasilb pela Europa, [Lisbonne, 1872] coord. João Paulo Cotrim. ed. fac-similé (São Paulo: Governo do Estado de São Paulo; Secretaria de Estado da Cultura; Associação dos Amigos da Pinacoteca do Estado, 1996), 2.
BBC rapport consulté le 05/10/2019, https://www.bbc.com/portuguese/vert-tra-42138987
Citation du site du Ministério da Defesa du Brésil (rubrique "relations internationales) à propos du forum IBAS (Inde, Brésil, Afrique du Sud), consultée le 25/08/2019.