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Marcus Mosiah Garvey (1887-1940) est une des figures les plus importantes du nationalisme noir et du panafricanisme du premier vingtième siècle. Infatigable orateur, grand voyageur et surtout organisateur talentueux, c'est une personnalité charismatique et controversée. Souvent décrié par ses contemporains qui raillent son populisme, critiquent sa posture démagogique et rejettent la sacralité qu'il associe à l'idée de « race noire », il est en revanche adulé par les migrants caribéens, soutenu massivement par les travailleurs pauvres, et il siège comme figure exemplaire, paternelle ou prophétique, dans de nombreux foyers, églises ou institutions sociales noires des États-Unis, de toutes les Caraïbes, et bien au-delà, en Europe, en Afrique, et jusque dans le Pacifique. Garvey a circulé dans l'Atlantique noir tout en contribuant à le faire devenir tel dans l'esprit des gens, sujets coloniaux ou citoyens de deuxième classe, travailleurs corvéables marginalisés économiquement et politiquement qui, à la Barbade, à Toronto, au Nyasaland ou au Brésil participent à leur propre culture et à leur organisation politique locale tout en s'imaginant membres d'une « nation noire » qui transcenderait les particularismes, et qui leur apporterait fierté, pouvoir et reconnaissance. En 1969, Marcus Garvey devient le premier héros national de la Jamaïque, indépendante depuis 1962.
Marcus Mosiah Garvey est né de parents paysans le 17 août 1887 à St Ann's Bay, sur la côte nord de la Jamaïque alors colonie britannique. Il quitte tôt l'école et comme beaucoup d'autres Jamaïcains il migre vers Kingston, la capitale. À 18 ans, il est déjà un professionnel de l'imprimerie et il est remarqué par son engagement politique lors de grèves ouvrières ainsi que dans le National Club qui combattait les privilèges du colonialisme britannique dans l'île. Entre octobre 1910 et janvier 1912, Garvey voyage en Amérique centrale, notamment au Costa Rica, au Panama et au Honduras britannique. Il travaille comme saisonnier tout en éditant ses premiers journaux. Ces années de déplacement sont particulièrement importantes dans la formation intellectuelle et politique de Garvey. Grâce à elles, il se familiarise avec le sort des milliers de travailleurs caribéens migrants, drainés vers trois grands secteurs : la construction du canal de Panama (1881-1914) ; le chemin de fer atlantique qui reliait Puerto Limon à la capitale du Costa Rica (dès 1872) ; et l'exploitation de la banane, où se structurent les revendications des travailleurs et de leurs syndicats face au monopole de la United Fruit Company. C'est ainsi que Garvey découvre la diversité régionale : les migrants jamaïcains bien sûr, mais aussi ceux venus de toutes les autres îles caribéennes. Là émerge l'idée que devenir noir permettrait de transcender cette diversité régionale. Les luttes des travailleurs pour défendre leurs droits sont également formatrices : en 1911 à Limon au Costa Rica, les migrants jamaïcains soutiennent les ouvriers venus de la petite île de St. Kitts dans leur grande grève contre United Fruits. Enfin, Garvey interagit avec les médias, il prend position et intervient dans l'espace public, il écrit pour le journal caribéen anglophone Times à Limon, ainsi que dans La Nación. Ces deux années de mobilités caribéennes représentent une expérience fondatrice pour Garvey. Il est alors un sujet colonial en quête d'une assise et d'un partenariat politique, il lance par exemple une souscription pour le Coronation Fund, le couronnement du Roi George V prévu en juin 1911 à Londres. C'est justement en allant dans la métropole britannique que Garvey va s'armer de références et d'expériences qui donneront forme à son action sociale et politique.
En juin 1913, Marcus Garvey part pour la « mère patrie », le Royaume-Uni, et il en profite pour visiter également plusieurs pays européens. Il rencontre à Londres de nombreux étudiants ouest africains qui y devenaient conscients des nouveaux enjeux politiques posés d'une part par le racisme qu'ils rencontraient et d'autre part par les opinions et organisations politiques anticolonialistes auxquelles ils participaient1. Au contact de l'effervescence londonienne, Garvey se familiarise avec le vocabulaire du nationalisme africain et les dynamiques de l'autodétermination. Il rencontre le soudanais-égyptien Dusé Mohamed Ali (1886-1945), ancien acteur devenu activiste politique mobilisé pour un nationalisme panafricain qui le prend un temps sous son aile. Suite au Universal Races Congress tenu à Londres en 1911, Dusé Mohamed Ali fonde African Times and Orient Review, un journal qui a une diffusion et une influence remarquable en Angleterre ainsi qu'en Afrique de l'ouest et dans le monde panafricain de l'époque. Le jeune Garvey (il a alors 26 ans) y publie un article intitulé « The British West Indies in the Mirror of Civilization : History Making by Colonial Negroes » qui témoigne du processus de maturation qu'il est en train de vivre.
« Parce que je connais bien les gens, je prophétise sans hésitation qu'il y aura bientôt un tournant dans l'histoire des Indes occidentales ; ceux qui habitent cette portion de l'hémisphère ouest seront les instruments pour unir une race dispersée et bientôt ils fonderont un empire sur lequel le soleil ne cessera de briller, comme il brille aujourd'hui sur l'empire du Nord2. »
Ce qui est exprimé dans ces quelques lignes est déterminant. Garvey revendique une connaissance des gens qui peuplent le monde colonial et il veut parler leur langue, donc il prophétise. Il mobilise ses lecteurs et auditeurs pour les projeter vers un futur proche, à portée de main, qui agit comme une promesse de changement profond. Surtout, il fait le lien entre une « race dispersée » à unir et un empire à fonder, qui pourra rivaliser en taille et en puissance avec le grand empire britannique. Garvey explique à ces gens, ces diasporas noires croisées en Amérique centrale et en Europe, ce qu'ils pourraient devenir une fois organisés. Il s'ancre dans les Caraïbes et se place au centre de son ambition prophétique : on assiste là à la naissance de cette image de lui-même comme un Moïse pour son peuple. La figure de Garvey superposée à celle de Moïse le prophète sera nourrie et entretenue dans la culture populaire jamaïcaine et en particulier par les Rastafaris3.
Fort de ces expériences, Garvey retourne en Jamaïque en juillet 1914 et fonde, à Kingston, avec sa première femme Amy Ashwood (1897-1969), l'Universal Negro Improvement and Conservation Association and African Communities (Imperial) League (UNIA ACL). Ce nom, l'Association pour le progrès universel des Noirs, était à l'image de la vision internationale nourrie par ses voyages et de la peur que la race noire, dans les conditions de l'époque, ne soit acculée à l'extinction. Il cherche des soutiens aux USA, notamment auprès de Booker T. Washington, pour ouvrir en Jamaïque des structures éducatives à l'image du Tuskegee Institute — avec peu de succès. Il s'exprime publiquement lors de plusieurs rencontres à Kingston et à St. Ann's Bay, mais en 1915 il n'avait qu'une centaine de membres à ses côtés. Suite à l'ouverture du canal de Panama, qui implique le reclassement des ouvriers du canal ou leur mobilité, et au déclenchement de la Première Guerre mondiale, Garvey décide de partir aux États-Unis. Il arrive à New York en mars 1916 et se lance dans une grande tournée dans le pays pour lever des fonds ; son périple devait durer cinq mois, il prit près d'un an. Il s'installe par la suite à Harlem où l'UNIA trouve finalement sa base sociale. En effet, Harlem était en train devenir une capitale noire, où les migrants caribéens, plusieurs milliers à arriver tous les mois dans le pays, rencontraient les migrants venus du Sud des États-Unis, presque 1,6 million de personnes entre 1910 et 1940. Ces grandes migrations transformaient une population caribéenne laborieuse et une population afro-américaine rurale et paysanne en une population nationale, urbaine et industrielle, créant de la sorte de nouveaux espaces d'activisme civil et politique4. Ces doubles flux d'arrivées ont un impact social décisif : le visage de quartiers comme Harlem se transforme, les relations interethniques entre Caribéens et entre Caribéens et Afro-Américains se renouvèlent, l'effervescence culturelle offre la Renaissance noire, et l'UNIA de Marcus Garvey, dont le siège est constitué à Harlem en 1918, trouve sa base sociale et son tremplin international. Au même moment, les populations caribéennes enrôlées massivement dans les armées coloniales, puis massivement déçues, voire trahies par le racisme qu'elles y ont expérimenté sont démobilisées et viennent grossir les rangs des membres de l'UNIA.
Pour Marcus Garvey, la question de la primauté de la race était centrale et toutes les activités de l'UNIA cherchaient à développer l'estime que la femme et l'homme noirs pouvaient avoir d'eux-mêmes et à leur insuffler la fierté de leur couleur. La race noire, sa beauté, sa pureté et sa rédemption sont devenus le nœud idéologique central duquel découle toute une série de pratiques et de positions. Ainsi, Garvey clame que les Noirs doivent voir Dieu à leur image, et donc à travers les « lunettes de l'Éthiopie5 ». Cette réappropriation de Dieu s'inscrit dans une démarche plus large de réhabilitation sociale et économique des Noirs par les Noirs, renvoyant à un imaginaire politique nationaliste. Ainsi, l'UNIA représente cette nation noire à travers toute une série d'attributs : un drapeau (noir, vert et rouge), un hymne national (The Universal Ethiopian Anthem), un corps militaire, un corps médical (Black Cross nurses), des uniformes, une hiérarchie exécutive avec des femmes et des hommes issus de toutes les Caraïbes et une organisation sociale précise. Cette nation, fondée sur la race, exerçait un attrait certain auprès des travailleurs pauvres, mais elle était aussi très critiquée par la presse africaine américaine et en particulier par la gauche et les syndicats. En effet, elle rejoignait l'extrême droite américaine, ravie à l'idée d'une distinction entre les races à partir de laquelle établir des nations distinctes. En entretenant des relations avec les représentants du Ku Klux Klan, Marcus Garvey devenait une figure controversée, qui s'assurait la critique virulente d'une partie de l'intelligentsia africaine américaine.
Les réunions publiques régulières dans Liberty Hall, le quartier général de l'UNIA et les conventions annuelles qui rassemblent des milliers de personnes à l'occasion de grands défilés dans les rues de Harlem ont un impact certain. L'organisation de la nation noire se décline aussi en activités culturelles (poésie, pièces de théâtre, relations avec les acteurs de la Renaissance noire de Harlem), en activités commerciales, nécessaires pour que la race soit économiquement indépendante (ce qui au niveau local passait souvent par un système social d'entraide au sein des branches de l'UNIA) et en activités pédagogiques (développement d'écoles et de curriculums). En s'appuyant sur des réseaux commerciaux de vente au détail, des coopératives et des initiatives entrepreneuriales, Marcus Garvey pratiquait « une forme modifiée de capitalisme » qui était centrale dans sa stratégie de développement6. Ainsi, le lancement de la Black Star Line Steamship Corporation en avril 1919 a un impact décisif sur la croissance de l'UNIA. Cette flotte commerciale devait développer les affaires entre communautés noires aux Amériques et en Afrique, et ensuite ramener en Afrique cette « race dispersée » dans le monde. Le bateau, ce chronotope constitutif de l'Atlantique noir, est mis en scène comme un outil de pouvoir au bénéfice de cette nation noire. Garvey survit a à une tentative d'assassinat et en 1920 il organise le premier congrès des peuples noirs du monde (First Convention of the Negro Peoples of the World) auquel 35 000 personnes participent. La même année, il fonde l'UNIA's Negro Factories Corporation qui gère une imprimerie et des entreprises, ainsi que la Black Cross Navigation and Trading Company (1924).
Il manquait un élément constitutif tout à fait essentiel à cette nation noire : un territoire, que Garvey veut trouver en Afrique. En effet, la colonisation de l'Afrique par les puissances européennes bat son plein et, en reprenant le slogan plus ancien « L'Afrique aux Africains, qu'ils soient chez eux ou à l'étranger » (Africa for the Africans, at home and abroad), Garvey se projette vers le continent, où les Noirs pourraient quitter leur statut de minorité et obtenir le respect : « L'objectif est d'établir en Afrique une nation noire forte, qui forcera le respect pour le Noir qui réside dans des pays blancs7 ». Ainsi Garvey et le garveyisme sont intimement associés à cette idée d'un possible retour en Afrique (Back to Africa), une question structurante et ambigüe de la pensée politique noire aux Amériques.
Le Libéria est au cœur du projet de retour de l'UNIA qui a envoyé plusieurs délégations pour y préparer l'installation de familles garveyites. Mais cet État ouest africain, fondé par des affranchis noirs américains et devenu indépendant en 1847, ne voit pas d'un bon œil l'arrivée en force de la nation noire de Garvey, qui risque de bouleverser les équilibres politiques et d'effaroucher les investisseurs américains. En 1924, l'UNIA est interdite au Libéria. Malgré cet échec, Garvey est devenu en quelques années la tête de file de la plus grande organisation noire de l'histoire. Il est alors extrêmement critiqué par les gouvernements européens et américain, ainsi que par les intellectuels noirs intégrationnistes dont W. E. B. Du Bois et son organisation la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP), fondée en 1910.
On ne peut sous-estimer le rôle du Negro World dans la circulation des idées, des discours et de la vision de Marcus Garvey. L'importance de l'imprimé dans la formulation et l'incarnation des nationalismes a déjà été démontrée par ailleurs, et c'est valable ici aussi, même pour une nation sans territoire. La fondation du Negro World en août 1918 et sa circulation globale sont portées par les migrants et les marins noirs, des figures anciennes centrales pour l'économie atlantique. Le Negro World, hebdomadaire qui comporte des photographies, des nouvelles de toutes les branches locales de l'UNIA, des colonnes en français et en espagnol, et un courrier des lecteurs qui reflète son empreinte globale ne peut espérer de distributeurs plus efficaces.
En effet, on peut suivre les circulations du journal grâce aux interdictions qui se sont multipliées à son encontre. Par exemple entre février 1919 et février 1920, le Negro World est banni de presque toutes les Caraïbes. D'abord au Honduras britannique et à Trinidad (février 1919), puis en British Guiana (mai-juin), en Jamaïque, à la Grenade, dans les petites Antilles (Windward islands), au Costa Rica en août, à St Vincent et Grenadines en octobre, où le mois suivant toutes les copies existantes sont brûlées, et aux Bahamas en février 1920. Idem dans les colonies européennes en Afrique, où les gouvernements coloniaux ont mis tout leur poids dans le rapport de force afin de limiter au maximum la circulation et l'influence des idées de Garvey et des officiers de l'UNIA. Car au début des années 1920, 725 branches de l'UNIA sont implantées aux États-Unis, notamment dans les États du sud, et 271 en dehors8. À l'international, la grande Caraïbe, qui inclut l'Amérique centrale et le nord de l'Amérique du Sud, est le bastion garveyite le plus important. Par exemple, Cuba a 52 branches, Panama 47, Trinidad 30, le Costa Rica 23 et la Jamaïque 11. L'Afrique du Sud a huit branches actives et il y en a également au Dahomey, au Congo Belge, en South West Africa, etc. En fait, dans toutes les parties du monde où vit une importante population noire, dont le Canada, l'Europe et l'Australie, des branches de l'UNIA sont actives. Plusieurs millions de personnes semblent avoir été membres durant cette décennie, faisant de l'UNIA la première organisation de masse des populations noires du monde. Son influence profonde sur les pratiques populaires de l'organisation politique a inspiré quantité de communautés et d'activistes, par exemple le Front noir brésilien (Frente Negra Brasileira, 1931); les premières organisations pour la défense de la nation garifuna par TV Ramos au Honduras britannique ; les organisations afro-hispaniques au Costa Rica ; ainsi que le premier parti politique aborigène en Australie (Australian Aboriginal Progress Association, AAPA, en 1924) ; ou la Kikuyu Central Association au Kenya, également en 1924.
Peu après avoir épousé Amy Jacques Garvey (1895-1973) en secondes noces, Garvey est jugé coupable de fraudes postales dans l'administration de la Black Star Line, la fameuse flotte de bateau, et, en février 1925, il entre au pénitencier d'Atlanta. Libéré plus tôt que prévu en 1927, il quitte les États-Unis et part pour la Jamaïque où il arrive après une escale au Panama. Il continue de voyager, notamment en Angleterre et au Canada, mais ce sont là quelques années familiales que Garvey vit à Kingston. Il écrit des pièces de théâtre, des reconstructions historiques et développe toute une série d'activités culturelles et musicales. Deux conventions de l'UNIA sont organisées en Jamaïque (en 1929 et 1934) et Garvey se lance aussi dans l'arène politique jamaïcaine en fondant le People's Political Party (1929). Fin 1933 il commence à éditer un nouveau journal, The Blackman, qu'il emmène avec lui lors de sa réinstallation à Londres en mars 1935, d'où il continue à promouvoir les activités de l'UNIA. Il n'est plus au faîte de sa gloire et prend parfois des positions qui sont difficiles à comprendre pour les membres de l'UNIA. Par exemple, parce qu'il n'est pas reçu par l'empereur d'Éthiopie Haile Selassie I alors en exil au Royaume-Uni suite à l'invasion de son pays par l'Italie fasciste en 1935, il développe une critique très violente vis-à-vis du souverain éthiopien. Ce dernier était pourtant adulé aux Amériques en tant que représentant d'une dynastie biblique et du seul pays non colonisé en Afrique. Cette posture de Garvey divise les rangs de l'UNIA, déjà fragilisés par l'incarcération de leur leader et par des ressources financières incertaines. Malade, Garvey meurt à Londres le 10 juin 1940.
Au début du vingtième siècle, Marcus Garvey représentait ce que le nationalisme noir avait produit de plus radical. Homme dont le charisme et la popularité ont porté plus loin que tous ses prédécesseurs, il fait maintenant figure d'ancêtre à toutes les manifestations du nationalisme noir dans le siècle. Cette nouvelle grammaire raciale et nationaliste formulée par Garvey s'est déployée grâce aux circulations des hommes, des femmes et des idées. « Il serait difficile d'exagérer l'importance de la mobilité des Caribéens pour les Caraïbes, les Amériques et le monde9. » La référence à Garvey, évoquée, répétée, instrumentalisée, a de loin débordé les cercles politiques, pour imbiber les discours populaires, au point d'inspirer de nombreuses autres organisations et productions culturelles. Au sein du mouvement rastafari, Garvey a atteint le statut de prophète. Des dizaines de chansons de reggae évoquent son histoire et ont contribué à populariser et pérenniser le personnage. Kwame Nkrumah, premier président du Ghana indépendant, confiait que Marcus Garvey avait été une inspiration et un modèle. Il n'a pas hésité à s'en affranchir à bien des égards, mais l'étoile noire est restée au centre du drapeau du Ghana, et la flotte et l'équipe de foot du Ghana sont devenues la Black Star Line et les Black stars. Aujourd'hui, malgré la complexité de sa configuration institutionnelle, l'UNIA, divisée depuis longtemps pour diverses raisons, avec des branches rivales et leur corollaire, une lutte pour la légitimité, est néanmoins encore active et se réunit régulièrement en conventions. Les couleurs du drapeau, rouge, noir et vert sont toujours brandies et portées, comme signe visible de l'attachement au nationalisme noir autant que comme usage populaire d'une référence culturelle mondialisée.
Adi, Hakim Adi, West Africans in Britain, 1900-1960 (Londres: Lawrence and Wishart, 1998), 13.
Marcus Garvey, "The British West Indies in the Mirror of Civilization: History Making by Colonial Negroes," African Times and Orient Review (1913), repris dans Robert Hill, ed., The Marcus Garvey & Universal Negro Improvement Association Papers. The Caribbean Diaspora, 1910-1920 (Durham: Duke University Press, 2011), vol. XI: 49-53.
Barry Chevannes, Rastafari, Roots and Ideology (Syracuse: Syracuse University Press, 1994).
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