Memories
Transatlantic memory and heritage evoke a permanent oscillation between universal and specific values,...
Le 30 avril 2007, la chancelière allemande Angela Merkel est à Washington afin de remettre symboliquement à la Bibliothèque du Congrès le planisphère dessiné cinq siècles auparavant par le cartographe Martin Waldseemüller (vers 1475-1520). Même si ce document, première carte imprimée à porter le nom America, est déjà entre les mains des États-Unis depuis quatre ans, il n’y avait pas encore eu de passage de relais officiel. Cette cérémonie laisse ainsi penser que la dénomination du Nouveau Monde est une affaire strictement allemande1.
Or, cette translation symbolique rejette totalement dans l’ombre une petite ville du nord-est de la France : il s’agit de Saint-Dié, dans les Vosges. Celle-ci a pourtant œuvré depuis plus d’un siècle pour se faire reconnaître comme la marraine de l’Amérique. La presse états-unienne fait ponctuellement référence à cet « obscur village des Vosges » à partir de 18922, dans le contexte de la préparation de la grande Exposition universelle de Chicago consacrée au quatre centième anniversaire du premier voyage de Colomb. Un espace y est consacré à la ville lorraine. L’adjectif « obscur » permet de souligner le contraste saisissant entre, d’une part, les immensités américaines et, d’autre part, le caractère discret de cette petite ville entourée de montagnes, d’où est pourtant issu ce nom retentissant d’Amérique. La presse des États-Unis insiste généralement sur ce point : Saint-Dié est toujours décrite comme un « petit hameau3 », une « petite ville monastique de montagne4 », etc.
Nous utilisons ici le terme « Amérique » même si, en un peu plus d’un siècle, la nature de la filiation spirituelle entre Saint-Dié-des-Vosges et le Nouveau Monde a changé. Elle est passée d’un regard tourné vers le continent américain dans son ensemble à un resserrement vers les seuls États-Unis avant de connaître, ces dernières années, un retour vers une compréhension plus large de ce parrainage, à nouveau orienté vers les Amériques.
Il ne sera pas question ici des circonstances précises dans lesquelles une équipe d’érudits, réunis au début du xvie siècle sous la férule du chanoine Vautrin Lud (1448-1527), a publié pour la première fois dans ce bourg canonial un ouvrage et des cartes dans lesquels apparaît le mot America5. Le bornage retenu commence avec la redécouverte progressive de l’invention du mot America, pour prendre fin avec l’achèvement du dernier mandat municipal de Christian Pierret (maire socialiste de 1989 à 1997, puis de 2002 à 2014), dernier édile à avoir porté à bout de bras les liens culturels de sa ville avec une partie de l’hémisphère occidental. Son ancrage politique, tant local que national (il est également député à plusieurs reprises, mais aussi secrétaire d’État puis ministre délégué à l’Industrie de 1997 à 2002), lui permet de porter cet épisode de l’histoire locale avec un effet de levier non négligeable.
On interrogera les liens ayant été tissés au cours des deux derniers siècles entre cette petite ville, située à 600 kilomètres de toute mer, et le Nouveau Monde qu’elle revendique avoir porté sur les fonts baptismaux. On cherchera à souligner la forte asymétrie mémorielle qui caractérise le souvenir de la première dénomination de l’Amérique entre les deux rives de l’Atlantique.
La prise de conscience du fait que Saint-Dié-des-Vosges est le lieu où a été forgé, en 1507, le nom de l’Amérique a été un phénomène très progressif. Totalement tombée dans l’oubli du milieu du xvie au début du xixe siècle, cette anecdote commence sa lente résurgence grâce à l’abbé Francesco Cancellieri qui publie en 1809 sa Dissertation épistolaire bibliographique sur Christophe Colomb. Il y décrit pour la première fois un exemplaire de la Cosmographiæ Introductio, ouvrage publié le 25 avril 1507 dans le bourg canonial de Saint-Dié, dans les montagnes vosgiennes. Son auteur, un certain Hylacomylus, propose pour la première fois de donner au monde nouveau le nom d’America en hommage à son découvreur présumé, Amerigo Vespucci. Mais c’est avec le monumental Examen critique de l’histoire de la géographie du nouveau continent aux xve et xvie siècles, par Alexandre von Humboldt, publié à Paris entre 1836 et 1839, que le nom de Saint-Dié émerge réellement. Humboldt identifie Hylacomylus comme étant le cartographe allemand Martin Waldseemüller, originaire des environs de Fribourg6.
Il faut pourtant attendre encore un demi-siècle pour que les élites intellectuelles et politiques de Saint-Dié s’emparent véritablement de ce qui n’est encore considéré que comme une anecdote pour en faire progressivement un mythe fondateur. En 1875 est créée la Société philomatique vosgienne par le pharmacien Henri Bardy (1829-1909). Cette société savante entend participer à l’élévation culturelle d’une ville meurtrie par le souvenir de la défaite de 1870 ; conséquence du traité de Francfort, Saint-Dié se retrouve en position de vitrine de la France sur la ligne bleue des Vosges. À une dizaine de kilomètres de la nouvelle frontière, il faut montrer au monde (et d’abord à l’Allemagne) que la ville possède un passé glorieux. Encouragée par la croissance économique et démographique engendrée par l’installation de nombreux Alsaciens refusant la nationalité allemande, Saint-Dié célèbre ses héros de la Renaissance, quitte à laisser quelques historiens amateurs prendre certaines libertés avec les faits. C’est ainsi que Gaston Save (1844-1901), un artiste et érudit, figure locale de Saint-Dié, publie dans la revue de la Société philomatique vosgienne un article dans lequel il estime avoir identifié le lieu précis où les presses des chanoines de la ville auraient imprimé pour la première fois le nom de l’Amérique. Comble du hasard, cette maison serait justement située à l’emplacement de la pharmacie d’Henri Bardy. Il n’en faut pas plus pour faire de cette maison un véritable lieu de mémoire, bientôt surnommé la Maison de l’Amérique7. Le rôle de la Société philomatique vosgienne est à cet égard significatif du poids des réseaux associatifs et des lieux de sociabilité dans la production d’une mémoire transatlantique. Au-delà de la valeur scientifique des articles qu’elle publie à propos du nom de l’Amérique, elle contribue à la mise en place d’une mémoire réinventée, d’abord très locale, mais amenée à changer progressivement d’échelle.
Au tournant des années 1890, en effet, le petit monde des américanistes est en effervescence en raison de l’approche du quatrième centenaire du premier voyage de Colomb vers ce qu’il croyait être les Indes. Dans ce contexte, de nombreux travaux plus ou moins rigoureux sont publiés. Certains d’entre eux sont pour le moins iconoclastes, comme ceux de Jules Marcou (1824-1898). Ce géologue d’origine franc-comtoise, mais ayant élu domicile à Cambridge (Massachusetts), ami intime de Louis Pasteur, est un habitué des théories alternatives. Il se fait notamment remarquer en publiant plusieurs articles dans lesquels il remet formellement en cause la doxa selon laquelle le nom de l’Amérique aurait été forgé à partir du nom du navigateur florentin Amerigo Vespucci. Selon lui, le nom de l’Amérique serait en réalité d’origine indigène : il viendrait d’une chaîne de montagnes ainsi que d’une tribu, situées au Nicaragua, et dont le nom, Ammerisques, aurait été entendu par Colomb et Vespucci lors de leurs voyages respectifs8. Ce dernier aurait alors modifié son prénom Alberico en Americo ou Amerigo (latinisé en Americus). Malgré le caractère très alambiqué du raisonnement de Marcou et l’absence de preuves sérieuses pour étayer ses dires, sa théorie séduit et connaît un grand écho dans la presse, notamment aux États-Unis9. En effet, l’idée selon laquelle le nom de l’Amérique ne viendrait finalement pas d’Europe, mais serait un toponyme du cru s’accorde admirablement avec la doctrine Monroe. Et qu’importe si les propos de Marcou ont été totalement réfutés par les Congrès internationaux des Américanistes de Paris (1890) et Huelva (1892). La tentative de Jules Marcou constitue un exemple de contre-transfert mémoriel : un épisode mémoriel d’origine européenne traverse l’Atlantique et se retrouve remis en question par un citoyen américain d’origine française (comble de l’ironie) qui explique que cette mémoire est en réalité purement endogène et n’a rien d’européen. Cette théorie traverse à nouveau l’Atlantique, espace de circulation des idées, pour passer cette fois sous les fourches caudines des américanistes européens.
Les élites de Saint-Dié-des-Vosges ne pouvaient en tout cas pas laisser passer une telle remise en question de leur mythe local. Il faut saisir l’occasion de l’extraordinaire caisse de résonance que doit constituer l’Exposition universelle de Chicago en 1893 pour remettre Saint-Dié au cœur des débats. Faisant jouer leurs modestes réseaux internationaux (notamment Frank Mason, consul général des États-Unis à Francfort), les notables de Saint-Dié parviennent à faire en sorte qu’un espace consacré à leur ville soit aménagé au cœur de l’Exposition de Chicago. La section M est ainsi nommée Christening of the continent. Les documents présentés (des exemplaires originaux de la Cosmographiæ Introductio, quelques photos de Saint-Dié, etc.) permettent de faire reparler de la petite ville vosgienne aux États-Unis10. Dès lors, on voit apparaître dans la presse de ce pays plusieurs tentatives pour traduire le « baptême de l’Amérique », expression qui, dans ce contexte, peut se révéler peu claire dans une société majoritairement protestante : l’occurrence la plus fréquente est simplement naming11, suivie de christening12 et plus rarement baptism13. Quant à la marraine de l’Amérique, elle est assez souvent désignée sous le terme de godmother14.
En 1901, l’affaire connaît un rebondissement. Dans un château du Bade-Wurtemberg, le père jésuite Joseph Fischer retrouve l’unique exemplaire du grand planisphère conçu par Martin Waldseemüller à Saint-Dié en 1507, et sur lequel avait été imprimé pour la première fois, à l’emplacement de l’actuel Brésil, le mot America. La découverte fait grand bruit dans le microcosme des cartographes, cette carte ayant constitué depuis des décennies une véritable Arlésienne. Très vite, des propositions d’achat affluent, notamment en provenance de collectionneurs états-uniens. Mais la vente échoue, le prix de vente ayant été fixé à un niveau trop élevé par son propriétaire, le prince de Waldburg-Wolfegg15.
Jusqu’au tournant du xxe siècle, les habitants de Saint-Dié-des-Vosges ne se sont pas encore réellement posé la question de ce qu’implique concrètement pour eux d’être des citoyens de la marraine de l’Amérique. Il ne s’agit pour l’heure que d’un titre honorifique, une anecdote que l’on se plaît à raconter aux visiteurs. Les rares Américains à avoir mené des recherches sur la question le constatent : selon Frank Mason, « à l’exception de monsieur Bardy et de son petit groupe d’archéologues amateurs, il est douteux que plus d’une demi-douzaine de citoyens de la Saint-Dié moderne ait entendu parler de la Cosmographiæ Introductio, ou ait la moindre idée qu’ils marchent dans les pas des hommes qui ont donné son nom à l’Amérique16 ». Cependant, la portée de cette mémoire prend rapidement de l’ampleur dans les décennies suivantes, guidée par l’évolution du contexte géopolitique. Saint-Dié-des-Vosges devient progressivement et sans jamais le dire explicitement, la marraine des États-Unis.
L’impulsion est donnée par un journaliste new-yorkais d’origine allemande, Heinrich Charles, qui constate qu’aucune commémoration n’a été prévue des deux côtés de l’océan pour célébrer le quatrième centenaire du nom America en 1907. L’année suivante, il crée à New York la St. Die Society, destinée à mener une campagne d’opinion en faveur d’une manifestation d’ampleur, qui aurait lieu dans les Vosges en présence de la communauté états-unienne d’Europe. Il soumet son projet aux édiles de Saint-Dié, qui montrent immédiatement leur enthousiasme. Les choses sont tout de suite vues en grand : l’ancien président Roosevelt, devant effectuer une tournée en Europe en 1910, est invité par la municipalité vosgienne à venir honorer la marraine de l’Amérique de sa présence. L’homme d’État décline poliment l’invitation, arguant d’un emploi du temps déjà trop chargé17.
Après bien des imprévus, reports et changement de majorité municipale, les fêtes franco-américaines de Saint-Dié ont finalement lieu du 14 au 16 juillet 1911. Puisque la date de 1907 est passée, on a choisi de célébrer le quatrième centenaire de la mort de l’humaniste alsacien Mathias Ringmann (1482-1511), l’un des principaux membres du cénacle ayant donné son nom à l’Amérique dans la Cosmographiæ Introductio. Si, sur le plan local et régional, l’événement est une réussite, c’est en revanche un échec sur le plan international. La foule est certes immense, rassemblée autour de la Maison de l’Amérique ; mais c’est d’abord une foule constituée d’habitants des environs, sans doute autant attirée par les festivités de la Fête nationale que par la présence des Amis d’Amérique, d’ailleurs fort peu nombreux. Robert Bacon, ambassadeur des États-Unis à Paris, est l’un des rares Américains ayant fait le déplacement. L’opposition conservatrice de Saint-Dié ne manque pas de railler la majorité radicale pour cette quasi-humiliation, n’ayant pas supporté de voir l’Église locale écartée de la manifestation par les laïcards. Le nom de l’Amérique n’a-t-il pas été donné par des chanoines ? Pourquoi cette qualité a-t-elle été totalement passée sous silence par les organisateurs de la manifestation ? La mémoire du baptême de l’Amérique trouve ici l’expression d’une absence de consensus ; une concurrence mémorielle se fait jour, créant la polémique : à la fin de la journée, l’ambassadeur Bacon se rend personnellement à l’évêché et y dépose un mot dans lequel il regrette l’absence de Monseigneur Foucault lors de la commémoration. Simple marque de respect ou manifestation ostensible de désapprobation de la politique laïque de la municipalité18 ?
Si un enseignement est à retenir de ces fêtes, c’est que les honneurs ont été rendus aux seuls États-Unis : la ville est uniquement pavoisée aux couleurs de la bannière étoilée et de la France ; aucune délégation d’un autre État du continent n’a été conviée19. C’est comme si l’Amérique ne coïncidait plus qu’avec les seuls États-Unis (confusion que ces derniers entretiennent alors volontiers, à commencer par l’ancien président Roosevelt). Par ces égards appuyés, les autorités françaises cherchent à s’assurer que la puissance montante d’outre-Atlantique ne compte pas basculer dans le camp des puissances centrales.
Si cette opération séduction ne semble pas avoir eu les effets escomptés à court terme, la Grande Guerre entraîne une certaine prise de conscience au moment où Saint-Dié est attaquée20. Elle devient l’un des sujets animant la campagne d’opinion menée par les milieux francophiles d’outre-Atlantique. L’universitaire et journaliste John I. Finley (1863-1940) publie un poème en l’honneur de trois villes françaises prises dans les tourments de la guerre : Lille, Laon et Saint-Dié. À propos de cette dernière ville, les vers suivants font explicitement référence au baptême de l’Amérique :
... The word she whisp’ring spoke before […] * “America!” Here was the spring* Of our loved country’s christening21 […]
Le 24 mai 1917, alors que des régiments de la 5e DI prennent position dans le secteur, le conseil municipal de Saint-Dié décide, à l’initiative du Comité Saint-Dié—Amérique qui vient de se constituer autour du peintre Charles Peccatte (1870-1962), de renommer une des artères de la ville « rue d’Amérique ». Cet hommage est le premier marqueur mémoriel, visible dans l’espace public, matérialisant les liens culturels entre les deux espaces. Une relative réciprocité n’est atteinte qu’en 1970, lorsqu’une des rues de la ville de Westwego (Louisiane) prend le nom de St. Die Street, sur la proposition d’une membre de l’American Legion Auxiliary, elle-même originaire de Saint-Dié22. Mais il ne s’agit que d’une modeste ruelle privée, tandis que la rue d’Amérique de Saint-Dié débouche aujourd’hui sur la place de la cathédrale. C’est aussi en 1917 que le général Pershing, commandant en chef des troupes américaines en Europe, accepte de devenir membre d’honneur du Comité Saint-Dié—Amérique.
Au cours de l’entre-deux-guerres, les contacts conservent une certaine dynamique ; mais s’agit-il de commémorer le baptême de l’Amérique ou bien le souvenir de la présence militaire américaine en 1917-1918 ? Sans doute un peu des deux, même si, sans l’intervention militaire, il n’aurait sans doute pas été possible de créer des liens aussi forts sur la seule base d’un nom imprimé dans un livre cinq cents ans plus tôt, fût-ce le nom de l’Amérique. C’est ainsi qu’en août 1921, une délégation de l’American Legion, organisation patriotique fondée en janvier 1919 pour accompagner les vétérans états-uniens, fait une escale en grande pompe à Saint-Dié dans le cadre d’une tournée en Europe. Les troupes menées par le major Emery font cadeau d’une plaque commémorative (rédigée uniquement en français) rappelant que Saint-Dié est la marraine de l’Amérique23. L’initiative n’est pas unique : d’autres villes françaises revendiquent une amitié privilégiée avec les États-Unis, même si aucune, à notre connaissance, n’a prétendu avoir baptisé l’Amérique. Par exemple, Saint-Nazaire organise des fêtes franco-américaines le 26 juin 1926 et inaugure à cette occasion un monument américain, là aussi en présence de l’American Legion.
En 1928, le monument aux morts de la ville de Saint-Dié est inauguré par le ministre de la Justice Louis Barthou. Autour d’une stèle de granit surmontée de l’incontournable poilu, un groupe statuaire comprend notamment une allégorie féminine de Saint-Dié accueillant une autre femme, personnification de l’Amérique lui présentant les troupes venues d’outre-Atlantique pour la défendre de la barbarie germanique. Malgré ce nouvel hommage appuyé, Saint-Dié perd une occasion d’entretenir le lien avec sa filleule, l’ambassadeur des États-Unis à Paris ayant décliné l’invitation à assister à l’inauguration24. Aucune délégation d’outre-Atlantique n’a fait le déplacement. En l’état actuel de nos recherches, il ne semble pas que la presse des États-Unis ait mentionné l’existence de ce monument.
En 1938, le conseil municipal de Saint-Dié dirigé par le radical-socialiste Léon Jacquerez (1935-1944) décide de décerner le titre de Citoyen d’honneur de la ville au général Pershing. Celui-ci reçoit le diplôme en mains propres à l’ambassade des États-Unis à Paris le 18 octobre 1938. L’été suivant, Léon Jacquerez s’embarque au Havre avec quelques concitoyens, à destination des États-Unis. Il s’agit d’un voyage officiel au cours duquel le représentant de la marraine de l’Amérique entend visiter l’Exposition universelle de New York, mais également rencontrer des personnalités politiques. Il a notamment réussi à obtenir une entrevue à la Maison-Blanche. Le président Roosevelt ne pouvant pas le recevoir le jour prévu, M. Jacquerez se contente d’un bref échange avec son aide de camp. Finalement, plus que sur le sol américain, c’est davantage au cours des traversées aller et retour sur les paquebots Île-de-France puis Champlain que s’est diffusée l’histoire du baptême de l’Amérique ; des contacts ont été pris entre le maire et d’autres passagers venus de nombreux pays, des brochures ont été distribuées… Cela montre l’importance des vecteurs de circulation (ici, le paquebot) ainsi que des espaces de translation (ici, l’Atlantique Nord) dans la construction des mémoires transatlantiques, tout en mettant en exergue le caractère très asymétrique des relations mémorielles entre Saint-Dié et les États-Unis autour de ce thème du baptême de l’Amérique25.
La libération du territoire français (1944-1945) constitue à n’en pas douter un autre moment fort des relations entre Saint-Dié et les États-Unis. Occupée depuis juin 1940, la cité vosgienne est incendiée et dynamitée par la Wehrmacht en novembre 1944 lors de son évacuation devant l’avancée des troupes de la 103e DI américaine, surnommée la Cactus Division. Une fois la ville sécurisée, ces GI's, venus de presque tout le territoire des États-Unis, découvrent avec étonnement qu’ils viennent d’entrer chez leur prétendue marraine. Le Stars and Stripes informe ses lecteurs de l’existence de cette godmother of America26. Certains d’entre eux deviennent, à leur retour au pays, des passeurs de cette mémoire. Citons l’exemple d’Orville O. Munston, né le 15 mai 1919 à Crofton (Nebraska). Très francophile, il est l’un des premiers Américains à pénétrer dans Saint-Dié en ruines. Dans ses souvenirs publiés un demi-siècle plus tard, il écrit : « un des premiers bâtiments à être réduits en cendres fut celui qui s’élevait à l’endroit où Nicolas Lud avait installé sa presse, et où le cercle de poètes donna son nom à l’Amérique d’après Amérigo (sic.) Vespucci27 ».
Les liens tissés avec les États-Unis s’incarnent aussi à travers le Saint-Dié, un des liberty ships acquis par la France pour acheminer l’aide américaine. Parti de Los Angeles, l’ex-Isaac I. Stevens est accueilli en personne à son arrivée au Havre par le maire de Saint-Dié, Gaston Colnat (1945-1947), le 30 avril 194728. Néanmoins, si Saint-Dié peut y voir un nouveau signe de liens privilégiés censés l’unir aux États-Unis, rappelons que de nombreux liberty ships ont été rebaptisés au nom de villes touchées par les combats (et en particulier, toutes les villes-martyres françaises) ; la marraine de l’Amérique n’est donc pas, de ce point de vue, un cas exceptionnel.
L’aide apportée par l’American Legion à Saint-Dié au lendemain du conflit est sans doute plus significative d’un retour mémoriel envers la marraine de l’Amérique. L’association de vétérans a en effet choisi de cibler ses efforts sur Saint-Dié, car elle y était déjà présente, on l’a vu, en 1921 pour apposer une plaque sur la maison dans laquelle le mot America aurait été forgé en 150729.
Cette Maison de l’Amérique fait partie des monuments détruits par la Wehrmacht en novembre 1944, même si la façade et ses plaques témoignant de l’amitié avec les États-Unis tiennent encore miraculeusement debout. La municipalité refuse dans un premier temps de la démolir, car il s’agit plus que jamais d’un lieu symbolisant les liens forts entre la ville-martyre et sa prétendue filleule. Plusieurs cérémonies commémoratives se tiennent devant cette façade calcinée en présence de délégations américaines.
Les années 1950 et la majeure partie des années 1960 apparaissent beaucoup moins intenses concernant les liens culturels entre Saint-Dié et sa prétendue filleule. Le contexte de guerre froide, le développement d’un certain antiaméricanisme présent dans presque toutes les strates de la société française (des communistes aux gaullistes), peuvent être des éléments d’explication30. En 1962, alors que la reconstruction de Saint-Dié touche à sa fin, la façade de la Maison de l’Amérique (déjà déplacée près du monument aux morts) est finalement détruite, car elle ne trouve plus sa place dans une ville désormais résolument tournée vers le futur. Cela montre que ces relations culturelles transatlantiques doivent être appréhendées dans leur dimension diachronique : elles ne connaissent pas toujours le même degré d’intensité au fil du temps, entre périodes de réveil et de silence mémoriel.
Les années 1970 connaissent un regain d’intérêt pour le sujet, sous l’action combinée du maire socialiste Pierre Noël (1965-1977), professeur d’anglais et grand admirateur de la culture anglo-saxonne, ainsi que d’Albert Ronsin (1928-2007), amené à devenir le spécialiste incontesté de l’histoire du baptême de l’Amérique dans les quatre décennies suivantes31. Sous l’impulsion de ce dernier (qui cumule bientôt la fonction de conservateur du musée avec celle de bibliothécaire en chef), Saint-Dié connaît une dynamique culturelle sans précédent. Les liens avec l’Amérique ne sont que l’un des nombreux chantiers engagés, mais il est considérable.
En 1973, le maître-lapidaire Henri-Michel Heger de Löwenfeld (1919-2000) fait étape à Saint-Dié au cours de sa tournée de présentation des bijoux imaginés par Georges Braque. À cette occasion, il est approché par les autorités municipales pour devenir l’ambassadeur officieux de la marraine de l’Amérique lors de ses voyages à travers le monde. Par son entremise, les villes de New York et de Saint-Dié échangent leurs clés symboliques respectives32. Heger de Löwenfeld devient ainsi, à son tour, l’un des passeurs de la mémoire du baptême de l’Amérique entre les deux rives de l’Atlantique.
En 1987, Saint-Dié célèbre le bicentenaire de la Constitution des États-Unis en présence de l’ambassadeur Joe Rogers. Cette année coïncide avec la célébration du 480e^ anniversaire de la publication de la Cosmographiæ Introductio. Maurice Jeandon, maire de Saint-Dié (Rassemblement Pour la République, parti de droite gaulliste) de 1977 à 1989, a fait jouer ses réseaux auprès du parti Républicain américain à Paris afin d’obtenir que le président Reagan fasse en personne une allocution par liaison-satellite à destination des habitants de Saint-Dié. Mais des problèmes techniques empêchent cet ambitieux projet d’aboutir ; l’ambassadeur se contente de lire le message lors de la réception à l’Hôtel de Ville33. Le message de Reagan mentionne explicitement que Saint-Dié « est le berceau du mot Amérique » ; mais le fait qu’il ne soit pas prononcé par le président lui-même retire une part importante de sa portée symbolique pour la postérité.
Si Maurice Jeandon n’était guère passionné par la question du baptême de l’Amérique, et ses relations avec Albert Ronsin tout juste cordiales, il en va tout autrement de son successeur, Christian Pierret. Son premier mandat coïncide avec un véritable boom mémoriel, porté dans un premier temps par le bicentenaire de la Révolution française puis par le cinquième centenaire du premier voyage de Colomb vers le Nouveau Monde. Quelques mois après son élection, il lance un projet de jumelage avec la ville de Lowell (Massachusetts) dont il est fait Citoyen d’honneur. Le 14 juillet 1990, Saint-Dié est officiellement jumelée avec Lowell ainsi qu’avec Lorraine, une ville du Québec dont le projet de jumelage avait été initié sous la municipalité Jeandon34. La presse de Lowell relate néanmoins l’événement sans faire une seule fois allusion au baptême de l’Amérique35 : les efforts de Christian Pierret ont donc un goût d’inachevé et Saint-Dié manque encore une occasion de faire la promotion de son glorieux passé auprès de sa prétendue filleule.
Toutefois, ce jumelage ne constitue pas, et de loin, le principal défi de Christian Pierret pour faire rayonner sa ville. Partant du postulat que Saint-Dié-des-Vosges est le lieu où l’Amérique fut baptisée, il lance l’audacieux projet d’y créer un festival international de géographie. En tant que député et président de la commission de surveillance de la Caisse des dépôts et consignations, il dispose d’appuis parisiens lui permettant de fédérer de nombreux géographes réputés autour de son projet. La première édition du Festival international de géographie a lieu en juin 1990 et obtient un beau succès d’estime. Ce galop d’essai devient dès lors un rendez-vous annuel. En 1991, sur proposition du géographe suisse Antoine Bailly, est créé un Prix international de Géographie, équivalent du Nobel pour cette discipline ; il est rebaptisé l’année suivante « prix Vautrin-Lud », en hommage au chanoine à l’initiative des travaux géographiques publiés à Saint-Dié en 1507. En 1992, à l’occasion du cinquième centenaire du premier voyage de Colomb, le thème du Festival de géographie est « les nouveaux Nouveaux Mondes », tandis que l’affiche officielle de cette édition reprend la carte dessinée par Martin Waldseemüller en 150736. Quelques échos de ces festivités parviennent aux États-Unis, où des associations francophiles (comme le Cercle français de New Castle, Pennsylvanie) discutent de leur lointaine marraine37.
En parallèle à l’essor de ce festival, la municipalité Pierret met en place de nombreux marqueurs mémoriels destinés à rappeler que Saint-Dié-des-Vosges n’oublie pas ses liens spécifiquement transatlantiques. Le 13 juillet 1992 est inaugurée une stèle commémorative en l’honneur de la Cactus Division. Des rues sont rebaptisées aux noms des acteurs ayant joué un rôle dans l’histoire du baptême de l’Amérique : rue Mathias Ringmann, rue Martin Waldseemüller, place Jean Basin, rue Amerigo Vespucci… En l’an 2000, à l’occasion de la réfection de la place du général de Gaulle, une carte en grès rose représentant le continent américain est incrustée dans le pavement. Cette dynamique s’accompagne d’une marchandisation de cette mémoire : en 2009, la marque « 1507 AMERICA » est déposée à l’INPI par la municipalité en prévision du lancement d’une marque d’eau de source38. Le projet est pour l’heure resté lettre morte.
La question du baptême de l’Amérique semble néanmoins connaître un tournant à Saint-Dié-des-Vosges à partir des années 2000. Ce sont bien les circonstances géopolitiques du premier xxe siècle qui l’avaient poussée à privilégier les seuls États-Unis, opérant en cela une certaine distorsion des faits historiques (la carte de Waldseemüller n’ayant jamais désigné sous le vocable d’Amérique ce qui est supposé correspondre aux actuels États-Unis). La politique étrangère glaciale menée par l’administration Bush vis-à-vis de la France au moment de la crise irakienne, la recomposition géopolitique du monde autour de plusieurs pôles de puissance, semblent avoir eu raison de cette conception du baptême de l’Amérique. Lors de l’édition 2006 du Festival international de Géographie, intitulée « Les géographes redécouvrent les Amériques », les discours sont clairs : l’Amérique est multiple, elle ne se résume pas aux seuls États-Unis39.
Christian Pierret quitte ses fonctions municipales en mars 2014. Quelques mois auparavant, il a inauguré un complexe aqualudique répondant au nom d’Aquanova America. Ce dernier projet montre à quel point M. Pierret aura été attaché à la symbolique de l’invention du nom de l’Amérique dans sa ville. Pourtant, cette insistance sur la symbolique ne veut pas nécessairement dire que des liens concrets aient été maintenus sur la durée. Les jumelages noués avec Lowell ainsi qu’avec la ville québécoise de Lorraine sont restés pour l’essentiel des coquilles vides. Depuis trente ans, les liens sont quasi-inexistants (à l’exception de quelques échanges d’étudiants entre l’Institut Universitaire de Technologie de Saint-Dié et ceux de la ville de Lorraine40). Cela s’explique sans doute par les lourdeurs administratives et par le coût très élevé que des déplacements réguliers entre les deux rives de l’Atlantique engendreraient, notamment pour des villes en reconversion économique comme Lowell et Saint-Dié. Ajoutons à cela la barrière de la langue, qui peut constituer un frein à l’entretien de relations régulières.
Le faible nombre d’initiatives recensées aux États-Unis vis-à-vis de leur marraine autoproclamée depuis un siècle et demi ne signifie pas pour autant qu’ils se désintéressent de l’histoire du nom de l’Amérique, bien au contraire. Mais pour beaucoup d’États-Uniens, ce nom n’est pas automatiquement lié à celui de la ville vosgienne. On a pu le constater à l’occasion de la vente, en 2003, de la fameuse carte de 1507 à la Bibliothèque du Congrès de Washington. La presse états-unienne insiste d’abord sur l’origine « allemande » de son auteur, Martin Waldseemüller41 ; puis sur le lieu de sa redécouverte en 1901, le château de Wolfegg, dans le Bade-Wurtemberg. Et c’est Angela Merkel, qui s’est rendue à Washington en 2007 pour effectuer la translation officielle de la carte. Saint-Dié-des-Vosges n’est pas toujours citée lorsque la presse états-unienne relate ces événements, d’autant que des chercheurs s’interrogent depuis des années sur la capacité réelle de la petite imprimerie artisanale de Vautrin Lud à imprimer un document d’une telle virtuosité42.
On a tenté, au travers d’une étude de cas microhistorique, de montrer que les mémoires transatlantiques peuvent être déséquilibrées. L’exemple du baptême de l’Amérique à Saint-Dié-des-Vosges montre que les efforts entrepris par la cité lorraine pour développer et entretenir une mémoire commune avec l’Amérique ont produit des résultats mitigés. Sans être totalement à sens unique, ce processus mémoriel est resté largement asymétrique. Les initiatives prises pour conserver cette mémoire vivante sont largement le fait de la marraine, tandis que la filleule ne s’est jamais vraiment considérée comme telle. On peut aussi se demander si la relation que Saint-Dié a tenté de construire avec les États-Unis (à défaut de l’Amérique dans son ensemble) ne relève pas davantage d’une logique d’amitié internationale que d’un projet véritablement transatlantique.
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